Le regard féminin sur son propre corps

Le regard féminin sur son propre corps

Dimanche 26 octobre 2025 à 16h30 au cinéma Trianon à Romainville

Ce programme de films de danse de tous les continents concentre l’attention du public sur la façon dont les réalisatrices et chorégraphes au cours des quinze à vingt dernières années ont représenté le corps des femmes. Suite à une période d’émancipation et de nombreux mouvements de dénonciation et de réappropriation, comment ces évolutions sont visibles dans le film de danse et comment les artistes représentent avec la plus grande justesse ces phénomènes ?

Une programmation signée Nika Parkhomovskaia et Virginie Combet

En présence de Nika Parkhomovskaia, Virginie Combet et d’artistes de la programmation

PISS 1’16, Finlande, 2013

Réalisatrice : Mika Ailasmäki

Chorégraphe, dancer : Kati Kallio

Quand il faut, il faut.

OFFICE, 9’11, France, 2021

Réalisatrice : Marine Pichon

Chorégraphes et danseuses : Laura Mazeaud & Géraldine Baroni / Ellaya Company

Dans une startup où la créativité n’est plus qu’une façade, deux employées, écrasées par la routine et la surcharge de travail, finissent par briser le moule. Elles dansent, transformant leur oppression en révolte. Tourné fin mai 2020, à la sortie du premier confinement, Office fait écho à une période où les bureaux se sont vidés et où l’isolement s’est accentué. Une étude révèle qu’un quart des Français a été exposé à un risque de burn-out durant cette période, les femmes en entreprise étant deux fois plus sujettes au stress que les hommes. Elles doivent constamment prouver leur valeur, jongler entre carrière et vie personnelle, et repousser toujours plus loin leurs limites.

 

OFFICELESS 7’33, Russie, 2018

Concept : Yulia Kushnarenko, Veronica Sher

Réalisatrice : Julia Kushnarenko

Chorégraphe et productrice : Veronika Sher

Nous sommes constamment oppressées par un travail colossal, un boss diabolique et des conditions inconfortables. Mais peut-être est-ce qui nous plaît ?

 

KALITVA, 1’42, Russie-Ukraine, 2022

 Réalisatrice : Daria Lukina

Performeuses: Angelika Doniy, Ksenia Isaeva, Daria Sedova

Voix: Shakima Garunts

Ce film de danse a été réalisé au cours de la première semaine de l’invasion militaire à grande échelle de l’Ukraine. Sa réalisatrice, Daria Lukina, se souvient : « Mon amie en Ukraine a enregistré cette chanson et me l’a envoyée via un message audio. À cette époque, j’étais en retraite spirituelle au Tatarstan. Nous voulions enregistrer une prière. Il faisait 40 degrés dehors et le vent était fort. Nous avons enlevé nos chaussures et sommes sortis pieds nus sur le terrain ».

 

DROP OUT BODIES, 17’, France, 2017

Réalisation : Ludivine Large-Bessette

Chorégraphie : Ludivine Large-Bessette & Mathieu Calmelet, avec l’aide des danseurs

Dans le silence et la monotonie d’une résidence pavillonnaire, des hommes, des femmes, debout devant leurs maisons se mettent à chuter de manière aléatoire et irrévocable. De la découverte des interprètes figés à leurs effondrements chorégraphiés, le film renvoie à la fatalité du corps humain ainsi qu’à nos responsabilités individuelles et collectives, par le biais d’une réinterprétation contemporaine de la danse macabre du Moyen-Âge.

 

 FLOOD, 5’30, USA, 2026

Chorégraphie : Wynn Holmes

Performance : Lauri Henri

Réalisation : Etienne Lacelle

 Dans ce film, la chorégraphe Wynn Holmes s’appuie sur les turbulences mythiques du détroit de Corryvreckan en Écosse pour explorer le choc entre l’ambition humaine et les forces élémentaires. La technique d’animation cyanotype utilisée dans ce film agit à la fois comme matériau et comme métaphore : son processus alchimique, dépendant de la lumière du soleil et de l’eau, fait écho aux forces élémentaires explorées par la pièce. Cette méthode ancestrale de création d’images évoque une qualité mythique, presque archéologique, comme si chaque image était exhumée des profondeurs des temps. Pourtant, ses tons bleus fantomatiques et ses textures fragmentées témoignent d’un malaise résolument moderne – de la mémoire érodée, de la résurgence de la nature, de la fragilité du contrôle.

 

 NORA, 35’46, USA, 2008

Réalisation : Alla Kovgan and David Hinton

Scénario : Nora Chipaumire, Alla Kovgan, David Hinton

Chorégraphe : Nora Chipaumire

Nora s’inspire de faits réels de la vie de la danseuse Nora Chipaumire, née au Zimbabwé en 1965. Dans le film, Nora retourne au pays de son enfance et accomplit un voyage à travers quelques souvenirs marquants de sa jeunesse. En se servant du jeu d’acteur et de la danse, elle donne vie à son histoire, dans un poème de sons et d’images au rythme alerte.
Entièrement tourné en Afrique du Sud, Nora intègre également une multitude d’artistes et de danseurs locaux de tous âges, de jeunes élèves aux vieilles grands-mères. Une bonne part de la musique a été spécialement composée par une légende de la musique zimbabwéenne : Thomas Mapfumo.