Hole-beautiful days

Court métrage en live vidéoconférence.

Emilie Morin utilise le flux internet naturel pour déformer ses mouvements. Le solo Trou (les beaux jours) possède autant d’éléments propres à la vidéodanse qu’à la performance live. On le regarde sur un écran, et ce qu’on y observe n’est pas un enregistrement, mais bien une suite d’actions qui se déroulent au moment même où on les observe. Toutefois, ces actions sont décalées de quelques fractions de seconde, et ce détail devient primordial puisqu’il permet d’affirmer que ce que l’on croit observer en direct n’est nullement direct, puisque l’action est déjà passée au moment où on l’observe. L’action n’est plus là, vivante, elle fait déjà partie du passé, elle est morte. Les images d’une vidéodanse sont mortes aussi, mais elles ne prétendent pas au format live, contrairement à ce solo sur Skype. Puisque ce n’est pas un enregistrement, le solo partage avec le live la caractéristique d’être éphémère, et du coup, il n’atteint pas l’immortalité à laquelle accèdent les images enregistrées.

Hole-beautiful days est une tentative de communication, de rencontre. En utilisant Skype, un moyen technologique créé pour faciliter la communication, en détournant cet usage habituel, le solo souligne l’impossibilité d’une communication. Les ratages technologiques sont aussi partie prenante de l’oeuvre : avec la possibilité que l’image se fige ou que la communication coupe du fait d’une mauvaise connexion Skype.

Hole emprunte aussi à la mort l’aspect effroyable des visages dont la fixité révèle l’absence de vie, ou simplement l’accès au temps figé, à l’arrêt sur l’image du direct, à la structure de la pensée plus qu’à celle de la perception.