Autorépresentation et imagerie de soi-même

Autorépresentation et imagerie de soi-même

Une programmation de Priscilla Guy
Priscilla Guy est une artiste multidisciplinaire et commissaire basée à Montréal (Canada).
Elle est directrice artistique de Mandoline Hybride depuis 2007. Ses oeuvres hétéroclites (cinédanse, danse in situ, spectacles scéniques) sont présentées à l’international et s’intéressent principalement à l’inscription du corps dans son environnement quotidien.
Parallèlement à son travail artistique, Priscilla Guy est également chercheuse en arts et contribue au développement des discours sur la rencontre entre danse et cinéma. Elle poursuit des études doctorales en cinéma à l’Université de Lille (France) avec un travail de thèse axé sur l’autoreprésentation à l’écran.

Au xxie siècle, les caméras sont partout dans notre quotidien et nos corps se meuvent devant celles-ci avec une aisance sans précédent. Tandis que nos yeux sont hyper-sollicités par des écrans de toutes sortes, une espèce de «méta-cinédanse» semble s’être incrustée dans toutes les sphères de nos vies, captant nos gestes les plus insignifiants et les diffusant dans des contextes aussi banals qu’inquiétants. Dans cette mouvance, les pratiques d’autoreprésentation autrefois réservées aux artistes ayant accès à des outils techniques se démocratisent. Alors que l’accessibilité à des caméras toujours plus légères et bon marché prolifère, quel rapport entretenons-nous avec l’autoreprésentation?

 

Hole-beautiful days

Durée: 10 minutesAnnée: 2013Réalisateur(s): Emilie Morin

Emilie Morin utilise le flux internet naturel pour déformer ses mouvements. Le solo Trou (les beaux jours) possède autant d’éléments propres à la vidéodanse qu’à la performance live. On le regarde sur un écran, et ce qu’on y observe n’est pas un enregistrement, mais bien une suite d’actions qui se déroulent au moment même où on les observe. Toutefois, ces actions sont décalées de quelques fractions de seconde, et ce détail devient primordial puisqu’il permet d’affirmer que ce que l’on croit observer en direct n’est nullement direct, puisque l’action est déjà passée au moment où on l’observe. L’action n’est plus là, vivante, elle fait déjà partie du passé, elle est morte. Les images d’une vidéodanse sont mortes aussi, mais elles ne prétendent pas au format live, contrairement à ce solo sur Skype. Puisque ce n’est pas un enregistrement, le solo partage avec le live la caractéristique d’être éphémère, et du coup, il n’atteint pas l’immortalité à laquelle accèdent les images enregistrées.

Hole-beautiful days est une tentative de communication, de rencontre. En utilisant Skype, un moyen technologique créé pour faciliter la communication, en détournant cet usage habituel, le solo souligne l’impossibilité d’une communication. Les ratages technologiques sont aussi partie prenante de l’œuvre : avec la possibilité que l’image se fige ou que la communication coupe du fait d’une mauvaise connexion Skype.

Hole emprunte aussi à la mort l’aspect effroyable des visages dont la fixité révèle l’absence de vie, ou simplement l’accès au temps figé, à l’arrêt sur l’image du direct, à la structure de la pensée plus qu’à celle de la perception.

TurnOnTVdrinkCoffeeRehearseShow

Durée: 13 minutesAnnée: 2010Réalisateur(s): Sonya Stefan

Ce film s’inspire d’une phrase chorégraphique libre de tout sens, soumises à des modification subtiles ou exagérées à travers quatre épisodes distincts de la routine quotidienne.

Me Myselves and You

Durée: 4 minutesAnnée: 2010Réalisateur(s): Dimitri Fagbohoun

Que voit-on vraiment lorsqu’on se regarde dans le miroir ?

Dimitri Fagbohoun y voit plusieurs personnes : lui et ses doubles.

Parce qu’il est métis, il se voit parfois noir, parfois blanc, parfois les deux.

Parfois incolore.

Poussant la logique à l’extrême, le voilà qui décortique cette dualité dans une vidéo toute en questions-réponses. Un travail sur l’identité de la personnalité. « Par analogie au genre, quelle que soit notre couleur, on est ce que l’on ressent. Quid de ces misfits dont regorgent le monde et qui se (re)ssentent au-delà des limites géographiques de leur origines ? » Plus jeune, il a lu cette phrase de Christian Bobin : «On peut être absent de soi-même et tromper tout le monde sur cette absence». « Je me suis alors toujours demandé où nous allions et qui étions nous vraiment ? Dans un bus, nous voyageons debout, car nous n’avons pas de place assignée, mais peut-être que, même s’il est plus laborieux, notre voyage est plus enrichissant, puisque notre hauteur de vue est plus grande que celle de ceux qui sont assis. »

Homing Pigeons and other Embodiements

Durée: 15 minutesAnnée: 2017Réalisateur(s): Yari Stilo

Le film est composé d’une vidéo crée en surfant sur facebook. Le réalisateur et chorégraphe Yari Stilo se déplace dans différents espaces tentant des conversations avec des choses, des animaux et des gens.

After Mrs Mills

Durée: 3 minutesAnnée: 2016Réalisateur(s): Anna Macdonald

Dans le film, l’artiste re-performe des mouvements pris de chorégraphes clés qui ont influencé son travail (Bausch et Brown), alors qu’elle se déplace dans un fil de tissus séchant, composé de draps de la maison de sa mère disparue.

Presque

Durée: 7 minutesAnnée: 2012Réalisateur(s): Priscilla Guy

Un film sur les actes manqués et les absences qui prennent toute la place. Un film sur les chutes inopinées, les sous-textes qui font glisser, les occasions qui filent entre les doigts. Quand le rapport à l’autre (et à soi-même) devient un filet aux mailles trop grandes, duquel le sens s’échappe à mesure qu’on tente de s’en saisir.

Inspirée du travail de la photographe Uta Barth, la proposition se trouve à la frontière des arts visuels, du cinéma et de la danse. La kinesthésie y prend une forme singulière : un langage poétique qui redéfinit la notion de « chorégraphie » à l’écran dans un rapport étroit avec le montage. L’œuvre s’expose par fragment, répétition, recadrage. Presque est une vidéo-danse à saveur picturale. Elle ouvre sur des avenues esthétiques et rythmiques singulières et s’inscrit dans une démarche chorégraphique ancrée dans le mouvement au sens large: celui de la rencontre entre le corps, la caméra et le montage.

A very small cinematic gesture

Durée: 9 minutesAnnée: 2015Réalisateur(s): Douglas Rosenberg

C’est un film sur l’empathie, la confiance, la foi, et plus directement sur l’intimité masculine. Au cœur de ce projet est le potentiel d ‘échec, celui de ma masculinité, l’échec d’être celui à qui ont confit la sécurité des autres hommes.

Said the cat

Durée: 3 minutesAnnée: 2012Réalisateur(s): Claudia HébertMusique: Benoit Carreau (Les limaces)

« Would you, please, tell me which way I ought to go from here? »
« That depends a great deal on where you want to get to. »

Créé lors d’une résidence à l’école internationale de cinéma de Cuba (EICTV), […]Said the cat émerge d’une étude des techniques de process cinema. La création se fait alors en trois étapes: Collect, Reflect and Revise. L’acte de capturer des images n’est pas soumis à un plan de match strictement établi, laissant place à l’improvisation, à la spontanéité, poussant le cinéaste à suivre ses instincts plutôt qu’un script. Le sens du matériel émerge plus tard, en observant nos rushs, en salle de montage, au fil d’un processus qui se veut à la fois introspectif et libre des contraintes d’un cinéma plus traditionnel et plus formaté.

Tourné en 16mm, développé à la main dans une chambre noire de fortune, […] Said the Cat était à la base une exploration de la vulnérabilité de la réalisatrice, celle-ci s’imposant le défi d’être son propre sujet. Au cours de l’exploration émerge de plus grand tourments, un saut vers l’inconnu, une recherche d’un moi plus fort.

En 2017, fut créer une suite à ce projet avec ROADMAP, un second film tourné avec les même techniques et explorant les mêmes thèmes; poursuivant la quête du personnage.

Landscape

Durée: 5 minutesAnnée: 2009Réalisateur(s): Terrance Houle

Le film raconte l’histoire d’un homme des Premières Nations au Canada, poursuivi par une entité inconnue, et qui finalement croise son destin dans le paysage de son peuple.

Letters to...

Durée: 9 minutesAnnée: 2016Réalisateur(s): Rehema Chachage

Cette œuvre utilise le motif des performances rituelles pour explorer les nuances du genre, des génération et de la sexualité.